Publication antérieure... Communiqué du CRM Hiver/Printemps 1996 CONCEIL DE RECHERCHES MÉDICALES DU CANADA pages 18-21. |
par Jane Evans,
Université du Manitoba,
directrice régionale du CRM
E VENT BALAIE LES COULOIRS DE
L'UNIVERSITÉ DU
MANITOBA. PAS LE VENT GLACIAL
d'un autre blizzard, et pas non plus (espérons-le)
un simple un vent de paroles, mais un vent de changement. L'université, et en
particulier la faculté de médecine, est entrée dans une periode de réflexion et
de réorganisation.
Certains des enjeux - réforme des programmes d'enseignement, renégociation des conventions des professeurs, spectre de la « réduction des effectifs » - ne sont certes pas particuliers à notre établissement. Par contre, d'autres reflètent davantage la nature de notre université et ses circonstances régionales.
Une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Larry Jordanfait
partie d'un effort international de recherche dons le domaine de la
régénération du tissu nerveux ayant subi des lésions. La découverte de cellules
« stimulatrices » donne à penser qu'une personne pourrait
recouvrer l'usage de ses jambes après un accident grave.
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Un plan opérationnel prévoyant un Conseil manitobain de la recherche-développement en matière de santé, qui remplacerait le CMRS actuel, a été proposé par la suite. D'autres faits nouveaux sont aussi encourageants, par exemple : l'établissement du nouveau programme de partenariats régionaux du CRM; un programme provincial de financement de contrepartie pour le soutien des infrastructures; et la construction du University Downtown Centre, projet conjoint de l'université et de la fondation des maladies du coeur en vue de l'aménagement de nouvelles installations de recherche, de nouvelles bibliothèques et de nouveaux équipements récréatifs.
Nous avons formé un comité directeur pour le Programme de partenariats régionaux du CRM et entrepris de dégager les forces et les spécificités existantes ou nouvelles. Le comité sonde la communauté de recherche afin de relever ces éléments, ainsi que les critères que chaque chercheur utilise pour les reconnaitre. Nous prévoyons que nombre de secteurs nouveaux peuvent être renforcés par ce processus et que de nouvelles collaborations seront supportées. Toutefois, il existe déjà une solide base sur laquelle construire, et les réussites de certaines de nos équipes de recherche bien établies devraient être mises en valeur.
Dr Patricia Nance (à gauche), en présence d'un patient
Garry Ollson, montre une toute nouvelle technique de traitement, la pompe au baclofène, mise au point par le Centre de
recherche sur la moelle épinière. Cette pompe permet d'éliminer
certains des spasmes musculaires chez les patients atteints d'une
lésion de la moelle épinière ou d'un trouble musculaire.
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Le programme de cardiologie expérimentale dirigé par le Dr Naranjan Dhalla, au centre de recherche de l'Hôpital genéral de Saint-Boniface, est un autre exemple de groupe vedette dont les efforts ont été récompensés par une subvention de groupe du CRM. Le but poursuivi par l'équipe est ambitieux : comprendre et prévenir les facteurs qui causent la cardiopathie ischémique. Le Dr Dhalla insiste sur la nature multidisciplinaire du programme et les avantages de considérer les problèmes sous plusieurs angles différents. Il indique que la recherche suit deux grands axes. Premièrement, on cherche à comprendre comment l'arrêt de l'irrigation sanguine endommage les cellules cardiaques et, plus exactement, comment l'hypertension et l'hypercholestérolémie rendent le coeur et les artères vulnérables à l'ischémie. Deuxièmement, on étudie l'effet de l'insuffisance cardiaque globale sur le coeur et la manière dont ce changement pourrait être prévenu. Le groupe a déjà joué un rôle de premier plan dans la mise au point d'inhibiteurs calciques afin de corriger la surcharge en calcium dans le coeur du fait de lésions membranaires. Il a aussi été le premier à démontrer les effets antioxydants de la vitamine E.
Guérir le coeur : le Dr Naranjan Dhalla dirige le programme de cardiologie expérimentale appuyé
par le Conseil de recherches médicales à raison de 5,2 millions $.
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Le Dr Joanne Embree a entamé un programme de
recherche sur la transmission du sida pendant la période
périnatale. Deux ans avant que ne débute son programme,
on n'avait pas idée de la possibilifé de transmission du VIH
aux enfants.
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Le sida est certes un domaine où les chercheurs sont profondément conscients du sombre avenir qui attend nombre de leurs sujets humains. Toutefois, l'équipe a vu la mort de manière encore plus personnelle. Un accident récent au Kenya a causé la mort de plusieurs personnes qui participaient au programme, dont des médecins locaux et un étudiant. Ce triste événement nous rappelle que la joie et la satisfaction que procure la recherche s'accompagnent parfois d'une adversité très réelle, sans parler de la déception et du découragement qui en frappent plus d'un.
Dans les programmes susmentionnés, les projets à caractère biomédical et à vocation plus clinique jouent des rôles importants et complémentaires. Comme la recherche « en santé » a longtemps été une autre de nos forces, nombre de nos chercheurs ont vu un signe encourageant dans l'élargissement du mandat du CRM pour inclure la santé des populations, les déterminants sociaux et comportementaux de la santé, et la recherche sur les résultats des interventions médicales. Les Dr Leslie et NoraLou Roos, au Centre manitobain pour la politique de la santé et l'évaluation, continueront à diriger des projets sur des mesures couvrant toute la population aux fins de la politique et de la planification de la santé, sous les auspices d'un nouveau réseau national de centres d'excellence, le « Réseau de recherche en santé ». Le Dr Patricia Kaufert, du département des sciences de la santé communautaire, bénéficie également de fonds d'un des nouveaux comités du CRM pour son projet, « Le recours aux services de santé par les femmes vivant au Manitoba ». De toute évidence, l'intégration plus poussée d'épidémiologistes, de sociologues, d'anthropologues médicaux et de spécialistes de disciplines connexes dans nos équipes plus centrées sur la recherche biomédicale pourrait avoir des résultats mutuellement avantageux.
Bien que les programmes dont j'ai parlé aient pour base la faculté de médecine, notre processus de planification stratégique vise à favoriser le développement de la recherche en santé dans d'autres facultés, et à encourager les collaborations tant au sein de la communauté universitaire qu'avec des partenaires de l'extérieur, dont l'industrie.
Un bel exemple de notre potentiel à cet égard est l'établissement du Laboratoire de recherche antibiotique du Manitoba, sous l'autorité du Dr George Zhanel.
Le Dr George Zhanel dirige
le laboratoire de recherche
sur les antibiotiques.
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Le succès de ces programmes est en grande partie attribuable aux gens qui y participent. En cette période de compressions budgétaires et de réductions des effectifs, les gens restent la ressource la plus précieuse de l'université. Nous devons continuer à encadrer et à encourager nos stagiaires, et à fournir d'intéressantes possibilités de carrière au corps enseignant et aux techniciens recherche. Il a été très réconfortant de constater que huit chercheurs du Manitoba se sont suffisamment bien classés au concours de mars 1995 pour être autorisés à parrainer des stagiaires de recherche. Seulement McGill, l'Université de Toronto et l'Université de Montréal ont fait mieux. Nous sommes également heureux d'avoir été choisis pour le programme pilote de création d'emplois financé par le CRM et Développement des ressources humaines Canada. La plupart des stagiaires de ce programme ont trouvé de l'emploi en recherche ou ont entrepris des études supérieures, et son succès a conduit à la création de programmes semblables un peu partout au pays.
Enfin, j'aimerais terminer ce compte rendu en annonçant une toute récente addition à notre effectif de recherche en santé : le Dr Emöke Szathmáry, qui deviendra présidente de l'université le 1erjuillet 1996. Éminente administratrice et chercheuse en santé, le Dr Szathmáry est bien connue pour ses travaux sur la génétique des populations et la sensibilité au diabète chez les populations dogrib. Nous lui souhaitons bonne chance et sommes impatients de pouvoir profiter de ses qualités de chef en ces temps difficiles. Nul doute qu'un vent de changement continuera de souffler au 21e siècle.